Les 3 clés d’une amitié instantanée selon mon épicier préféré

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La vie est remplie de surprises. C’est dans les endroits les plus inattendus que s’offrent à nous les plus belles parcelles de sagesse, les plus grandes révélations. C’est pendant un voyage récent que j’ai rencontré cet homme derrière son comptoir d’épicerie.  Après plusieurs heures d’une discussion bien surprenante, j’en suis repartie avec ses 3 clés d’une amitié instantanée.

 

 

Une vision du monde

Il est toujours souriant cet épicier. Alerte mais, d’un calme rassurant, il émane de lui une énergie harmonieuse. C’est contagieux. Même le Schtroumpf grognon qui s’est levé du mauvais pied n’y serait pas indifférent. Je ne connais pas son âge, d’où il vient ni même quelle est son histoire et, pourtant, j’aurais envie de le considérer comme faisant partie de ma famille. Bien que conservant une part de mystère, l’épicier est toutefois un modèle d’ouverture vers les autres, n’est étranger à personne.

Quel est son secret pour être un tel créateur d’harmonie ? C’est sans doute sa façon de voir le monde. En effet, il porte en lui tout un système de pensée unifiant et réconfortant par sa capacité à faire reprendre contact avec le reste de l’univers, à retrouver sa place dans le décor en harmonie avec le monde qui nous entoure. Le regard qu’il pose sur la vie  lui donne accès à un potentiel énorme de transformation. Sa philosophie se résume en trois grands axiomes que j’ose partager avec vous, convaincue qu’il n’y verrait aucun inconvénient.

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1-Tu es moi, je suis toi

Ce constat voulant qu’il y ait un peu de moi dans les autres, et vice-versa est une  prémisse d’une vision  unifiée du monde dans laquelle chaque individu porte une infinité de facettes. Nous choisissons tous, plus ou moins volontairement, de montrer certaines d’entre elles, de cacher  et même de nier certaines autres. Il existe des facettes, que nous considérons plus sombres, qui sont totalement mises au rancart, complètement oubliées. Pourtant, toutes ces facettes sont en quelque sorte des options disponibles pour le modèle : être humain. Nous les portons en nous. Les autres les portent également toutes ces facettes.

Règle générale, en regardant vos enfants ou vos parents, il est relativement facile de voir ce principe du « miroir »  à l’œuvre. Toutefois, lorsqu’il est question d’une personne qui nous répugne ou que l’on déteste, c’est plus complexe. Cet « autre » exhibe des facettes qui, chez nous, sont enfouies sous des tonnes d’interdits et de principes. Pourtant, l’univers n’a pas prévu d’exception à cette règle. Nous portons en nous toutes les options possibles dans notre «programme »; les belles comme les plus dérangeantes. Il faut ouvrir son esprit, oui parfois en forçant fort, fort, pour arriver à maintenir cette conscience du « je suis l’autre » et « l’autre est moi ». L’épicier, lui, ne manque pas une occasion de le rappeler. Avec chaque personne qui passe devant lui, il trouve un point commun : le goût pour les chemises rayées, pour la même marque de gomme à mâcher, la tristesse de laisser son enfant à la garderie, la rage d’être coincé dans les embouteillages. Il s’accroche à ces facettes communes, se voyant ainsi dans l’autre qui, à son tour, se voit en lui. Ils ne sont désormais plus des inconnus.

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2-La connexion, une porte ouverte vers la compassion

S’intéresser à l’autre en trouvant un intérêt commun, c’est un moyen formidable d’établir un rapport, de rompre l’isolement omniprésent dans notre monde individualiste. C’est aussi une porte d’accès à la valeur fondamentale de toute relation harmonieuse : la compassion. À ne pas confondre avec l’empathie ou la pitié, la compassion est un état de conscience de l’autre, une capacité de voir avec une  lucidité sensible ce qui trouble l’autre personne, sans jugement. La compassion suggère l’accueil de l’autre et, par le fait même, l’acceptation de certains aspects de soi-même qui, parfois, sont froissés par les problèmes des autres. Bref, l’autre me dérange car il y a une partie de moi avec laquelle je ne suis pas en paix. Il y a une notion de réciprocité là-dedans. Si mon voisin est enragé, je ne pourrai avoir de la compassion pour lui que si je suis en paix avec ma facette intérieure enragée. Autrement, si je suis repoussée par cette émotion, qu’à l’intérieur de moi je la nie, je ne pourrai pas accueillir l’autre dans le non-jugement. À l’épicerie, l’homme sans âge est rempli de compassion, c’est une belle grosse oreille sur pattes. Des gens lui racontent leurs problèmes, lui demandent de la monnaie pour l’autobus… on a toujours l’impression que ça lui fait autant de bien qu’à nous.

3-La valse des émotions

shutterstock_536522638La réalité nous fait parfois la vie dure. Quand le jugement s’impose de lui-même, quand le fossé est si grand entre moi et l’autre, derrière son comptoir, le créateur d’harmonie sociale dirait sûrement qu’il est temps de piquer une jasette avec la colère, du dégoût ou de la tristesse.

Dans sa vision unifiée du monde, tout a une vibration spécifique, une essence. Quand on n’arrive plus à unifier ses facettes multiples, quand on ne se sent plus vibrer du tout comme l’autre, c’est qu’il est temps de les apaiser.

Il porte aussi la croyance que, pour apaiser une émotion, il suffit de le reconnaître. Si elle est vu, le gros du travail est fait. Dans cette perspective, une personne habitée par un sentiment d’immense tristesse a d’abord besoin d’être reconnue dans cette émotion, d’être accompagnée.

Pour moi, c’est comme ça que l’on reconnaît un vrai sage : il sait reconnaître ce qui est là et gérer ce qui vient ensuite ! Une fois que l’épicier a demandé, « es-tu triste ? » il a reconnu la tristesse, il doit maintenant en gérer la manifestation ! Ainsi, quand la personne devant lui se met à pleurer et à se confier, c’est là qu’il quitte son rôle d’épicier et devient un créateur d’harmonie. Ayant apprivoisé la tristesse à l’intérieur de lui, il peut maintenant accompagner le client  qui se trouve devant lui en toute compassion. C’est alors qu’il lui racontera une histoire, une anecdote simple, mais touchante, quelques petites phrases qui feront dire à la personne devant lui, il est comme moi, je suis comme lui. Le client rira, la tristesse aura changé de forme.

Vous aussi, vous avez cela en vous

Pas besoin de fréquenter la même épicerie que moi pour accéder à cette voie de sagesse et de compassion. Vous avez les ressources en vous.  Je vous invite ainsi à faire l’expérience d’adopter ces points de vie et de voir ce que cela vous révélera.

  • Essayez de voir le vous dans l’autre et l’autre en vous, trouvez au moins un point commun avec tous ceux que vous côtoyez, surtout les plus différents de vous.
  • Tentez de faire place à la compassion en établissant des connexions authentiques et sincères avec une nouvelle personne régulièrement.
  • Reconnaissez les émotions, les sensations qui vous habitent, qui habitent ceux qui vous entourent en tentant de les nommer et les décrire avec le plus de précision possible.  Ensuite, apaisez-les en utilisant l’humour et la bonne humeur.

Un jour, peut-être j’apprendrai quelle est l’histoire de l’épicier mystérieux, j’en saurai davantage sur les raisons qui ont fait de lui cet être à la fois si exceptionnel et banal à la fois.

D’ici là, la prochaine fois où vous irez à l’épicerie du coin, prenez le temps de regarder le caissier ou la caissière dans les yeux, il y a de fortes chances que, dans ses yeux, vous y verrez aussi votre propre reflet!